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L’éloge de la folie noyé dans le spleen du métropolitain

Le train avait du retard. Mon vague à l’âme s’était couché à mes pieds avec la patience des pensées tristes.

Les souffles poussiéreux du métro, trainaient sur la langue terne du quai les humeurs souterraines : « Appeler la nourrice…ce soir tant pis biscotte, le boulanger sera fermé …fermer les yeux, ne pas regarder la misère insupportable… portable son portable ne répond pas... pas ce soir non ! Maudit, je suis maudit... dis moi qu’elle ne va pas croire que je lui ai posé un lapin… lapin ou alors un poulet au citron et au persil…s’ils croient que je le fais exprès…près.... pas si près j’étouffe, ces relents de transpiration…rationner les ramettes de papier ça me ferait économiser …miser sur mon physique, ça pourrait meubler mon CV …WC pas de WC en vue …. Vu, j’ai bien vu qu’il me regardait bizarrement ….Bizarrement …»

Le carton à dessin encombrait le passage. Les places assises étaient discrètement absentes. Un prince « métro poli teint » Tiens c’est rare les hommes qui se teignent, se leva, sourit en désignant son siège. Hésitation …. Peintre ? Euh oui .Mona

Je rends poliment le sourire Mon regard énigmatique suit sans mots dire le prince éphémère.

Dans le secret de mes jours, Mona, Carmen, Anna, Iseult ou Garance cohabitent sagement avec moi Leur présence fidèle souffle un air acidulé sur les nuages des jours revêches. Ça ressemble à des plongées clandestines qui jouent à l’abri de la banalité des apparences communes. La vie alors explose, se décompose et recompose le théâtre de mes fantaisies

Le lundi, c’est le jour de Mona... La mèche rebelle, le parler rare, le pinceau fragile. Mona monte à l’assaut du blanc franchement, sans scrupules. Mona est raisonnablement tourmentée par la gestation créatrice qui maltraite son âme.

Mona laisse la place à Garance les jeudis et vendredis Garance s’abrite sous les voiles discrets du mystère. Garance pratique la cinémathèque avec soin Les fidèles des lieux lui réservent une place. Garance apparait disparaît entre deux respirations

Carmen souffle le départ de Garance puis tire une révérence pour accueillir Iseult

« …bizarrement il a décidément un regard qui regarde quoi ? Qui ? Moi ?… »

Mon regard balaye autour de moi. Le train a craché avec régularité les usagers usés. La rame se vide. Il s’assoit, je repousse le carton à dessin… à destin…. à dessein…

J’écarte à dessein le carton à dessin

Un mot pousse un autre Une phrase s’essouffle …se meurt. Le silence couvre les grincements des rails.

Anna sourit éjecte poliment Mona

C’est Anna qui descend à la station Sacré cœur Il monte les marches son carton à destin sous le bras. Une terrasse, un café… "Deux cafés et un verre d’eau s’il vous plait ! »

.Les cartons à dessins se calent contre les chaises.

Un mot pousse un autre .Une phrase s’emballe, déambule se perd. Il se tend, la saisit avant qu’elle ne s’envole. Les mots s’affolent un peu, se dispersent, se bousculent :

« Excusez moi après vous je vous en prie … »

Les gris poussiéreux du métro s’effacent impuissants devant les roses nacrés et les bleus souverains de la première rencontre

Le train était à l’heure. Mon âme vagabonde sautillait à mes pieds avec l’impétuosité des pensées mutines

Gene Juin 2013

Tag(s) : #atelier d'écriture 2012-2013
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