Du pain et des roses par Sologange L

Je glane mon blé au soleil ou sous la pluie.

Du moulin à la boulangerie, il faut un bon levain, bien vivant pour avoir du bon pain.

Le Boulanger est un artiste. Maître de la pâte et du four. Il sait les gestes, il connaît le temps. Il sait prestement retirer baguettes et flûtes juste à temps pour que la croûte craque et chante, et que les fougasses sortent parfumées et moelleuses pour nos tartines.

C’est si bon un quignon de pain pour la route. « Jeanne était au pain sec, dans le cabinet noir », et c’était le grand-père qui était puni.

Une miette de pain c’est pas bien gros mais c’est déjà beau pour faire chanter l’oiseau.

« S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! », et ce fut la prise de la Bastille. En ce temps-là, le four appartenait au seigneur. On m’a dit : « A l’époque de Casque d’or, on guillotinait en public. Il paraît qu’un condamné avait demandé au lieu du petit verre de rhum, un bol de café au lait avec une baguette fraîche, beurrée et croustillante ». Fallait-il satisfaire le désir du condamné ? Je n’ai pas la réponse, mais la tête tomba. La baguette n’était pas magique !!!

Le pain, c’est le sang des humains. On partage le pain, on le tient à l’endroit pour chasser le diable, et avant de l’entamer, certains font une croix avec le couteau. Le pain, c’est de la farine, de l’eau, et du rite religieux. Bethlehem signifie la Maison du pain. De l’hostie au pain azyme, on communie sans levure, sans sel pour se souvenir des passages de la vie.

Dans le fournil, il fait bon et chaud, c’est doux, réconfortant. La famille du boulanger se retrouve autour de la fournée, alors l’enfant rassuré suit le chemin de son papa.

La femme du boulanger n’est plus celle de Pagnol, souriante, belle, avenante. C’est aussi son métier, sa fierté de nous présenter les belles pâtisseries, ses chefs d’œuvre.

Si j’attends dans la boulangerie, je me régale d’avance. Je guette les hésitations des gourmands qui choisissent des yeux ce qui va faire leur bonheur.

Pas de chagrin, il suffit « d’avoir un bon co-pain » !

Quand les femmes manifestent en 1909 pour une vie meilleure :

Marchons mes sœurs !

Chantons toutes en chœur

« Du pain et des roses !

Du pain et des roses ! »

Solange Lehmann

novembre 2015