Richard

Le notaire

Il sort de l'étude, costume gris anthracite, chemise blanche, sacoche en cuir noire à bout de bras, cheveux blancs flottant au vent, l'air calme et décidé, défait sa cravate. Il se dirige vers le parking.

Elle quitte le bureau, tailleur noir, chemisier blanc décolleté très large et profond laisse apparaître des seins volumineux, regard noir perçant, talons aiguilles vertigineux. Elle file vers le boulevard d'un pas sec.

La BMW grise roule doucement, ralentit s'arrête à sa hauteur. Juste avant d'ouvrir la portière elle jette un coup d' œil à droite à gauche et s’assoit en riant.

• Vous partez en week-end, monsieur le notaire ? lui dit-elle d'un air moqueur.
• Absolument belle jeune fille et je vous enlève.

Heureux de se retrouver, d’être ensemble, d'être à deux, ils éclatent de rire, le bonheur les enveloppe d'un nuage blanc.

Sa femme ne s'étonne plus depuis bien longtemps de ces séminaires en province. Elle quittera l'étude beaucoup plus tard en faisant un signe de main bien léger qui voulait dire « bon week-end » à qui la regarde

La circulation est fluide, la sortie de Paris est sans encombre, en ce vendredi de week-end prolongé. L'autoroute s'ouvre devant eux. Ils s'arrêtent dans l'auberge où ils descendent régulièrement depuis presque 9 ans. Ils s'installent toujours dans le même petit salon particulier loin des regards indiscrets. Il commande du Champagne de Reims et foie gras sur une salade d'épinard avec quelques girolles et pain aux céréales. Il choisit, cette fois, un vin blanc sec un « Coteaux du Giennois » pour accompagner une lotte à l'Armoricaine. Ils apprécient ces mets, ils en parlent avec quelques mots bien choisis. Elle a vite appris les bonnes manières, l'art de déguster les vins, les mets dont elle n'avait jamais goûté avant leur rencontre.

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- Et pour le dessert que veux-tu ?

• Plus rien, merci
• Alors deux Cognac, je vous prie lance-t-il au serveur.

La route s'étire devant eux tel un long ruban éclairé de quelques puissants phares. Elle somnole. Il conduit sans aucune appréhension, la regarde de temps à autre, lui sourit il aime cette impétueuse jeune femme. Elle arrive, sans malice aucune, à lui faire croire qu'il est encore désirable. Elle émet quelques idées de promenade, mais il lui rappelle, que même le jardinier ne doit l'apercevoir.

L'heure tourne, il sent la fatigue l'envahir tout doucement, elle s'est endormie. Il s'arrête sur une petite place juste devant une église. Il reste une cinquantaine de km pour rejoindre la gentilhommière mais il juge que se ne serait pas raisonnable de continuer. Il se sent las et se gare sur parvis d'une église.

Étonnamment le jour se lève. Elle dort profondément. Il sort de la voiture pour se dégourdir les jambes et aperçoit une boulangerie juste de l'autre côté de la place. Il s'élance désireux d'acheter des croissants.

Un énorme choc sourd retentit. Son corps est propulsé de l'autre coté de la route.

Elle croit avoir entendu un bruit et ouvre les yeux. La voiture est toute embuée, elle ne voit rien. La police arrive déjà, le corps est tout de suite recouvert. Elle ne parvient pas à sortir de la voiture les portières sont verrouillées.

La boulangère dit n'avoir rien vu.

Dominique P